Je viens de finir de lire le papier en anglais de Hillel Glazer, Jeff Dalton, David Anderson, Mike Konrad et Sandy Shrum intitulé « CMMI© or Agile: Why not Embrace Both! » et disponible sur le site du SEI depuis peu.
Le point principal soulevé par l’article est l’incompréhension des 2 communautés l’une vis-à-vis de l’autre du fait:
- D’un rejet « à priori » de l’autre modèle (j’aime bien le mea culpa de David Anderson disant qu’il est un peu responsable de l’association CMMI = Waterfall ce qui explique le rejet de CMMI par les Agilistes) du fait de la sincérité de chacune des parties convaincue qu’elles sont dans le vrai
- D’un non échange en praticiens, il n’y a que très peu de thèmes Agiles abordés lors des conférence SEI (type SEPG) et peu d’aspects CMMI lors des grandes conférence AGILE et de plus, les personnes qui vont aux conférences CMMI ne vont pas aux conférences Agile et inversement.
- D’une communication difficile due à l’utilisation de terminologies spécifiques à chaque modèle et non partagée par l’autre communauté
- D’un mauvaise utilisation de chaque modèle (qui ne sont pas des processus standards) qui a contribué au rejet du modèle par l’autre communauté. CMMI est souvent appliqué d’une façon très stricte ce qui rebute les Agiliste, et Agile d’une façon trop laxiste ce qui effraye les CMMistes. Alors ni l’un ni l’autre n’ont la caractéristique décriée dans leur structure (il faut un peu de maturité et de prise de recul pour s’en rendre compte et l’article est très éducatif sur ce point)
- D’une absence d’éducation des formateurs/coachs Agile ou assesseurs/CMMi à l’autre modèle
L’article met clairement en évidence que les 2 modèles sont issus d’une volonté de proposer des axes de solution pour résoudre les mêmes problèmes. La différence vient du fait que les contextes initiaux étaient fondamentalement différents (gros projets sécuritaires pour CMMI et projets plus petits et peu critiques pour Agile) et de ce fait, la démarche et le résultat ont donc été différents même si les principes et objectifs étaient plutôt similaires.
Les 2 modèles sont présentés comme des paradigmes complémentaires car l’approche CMMI permet de résoudre certains challenges rencontrés par l’agilité et inversement.
En conclusion, les auteurs proposent d’utiliser les idées de l’Agilité dans un contexte d’amélioration CMMI … ce que je trouve personnellement très intéressant si CMMI est correctement utilisé comme un outil et non comme une norme.
Enfin le call to action lancé au experts de tout bords termine l’article sur une note optimiste et volontariste pour que les choses changent et que l’affrontement se transforme en une collaboration fructueuse, BRAVO !
Autres références sur cette parution:
- Français : Blog Quality Street de JC
- Français : Blog d’Emmanuel Hugonnet
- Anglais : Blog de Hillel Glazer (l’un des co-auteur)
- Anglais : InfoQ
Je pense faire partie de ceux qui appliquent agilité et CMMi. En effet, notre organisation est évaluée CMMi3. D’ailleurs, j’ai été interviewé lors de cette évaluation dans le cadre d’un projet qui basculait dans l’agilité (XP).
Les projets sur lesquels nous intervenons sont de grands projets critiques, ce qui est plutôt classique pour le CMMi et plus rare pour les pratiques agiles – comme tu le rappelles dans ton billet.
Suite à ces expériences, je suis moins enthousiaste que tu sembles l’être. Bien sûr, je vais lire cette parution et je réagirai basé sur mon expérience, qui vaut ce qu’elle vaut. Par là, je veux dire que ce n’est pas parce que nous sommes CMMi3 que nous appliquons correctement le CMMi …
Néanmoins, j’ai consigné il y a quelques mois mes impressions dans un petit article disponible ici:
http://emmanuelchenu.blogspot.com/2008/05/dr-jeckke-mr-hyde-agilit-et-cmmi.html
A bientôt donc!
Mon enthousiasme vient du fait que je pense que CMMI n’est pas a rejeter d’un bloc et que cette tentative de rapprochement des 2 communautés, en respectant chacune d’elle (du moins c’est ma perception à la lecture de l’article), me semble être une démarche très constructive et positive.
Je trouve que l’argumentaire de ton article est recevable, mais je pense qu’il y a également des éléments de valeur dans CMMI, comme les pratiques d’institutionnalisation des processus, qui valent la peine d’être regardés.
Une question du néophyte qui ne connait pas le CMMI : est-ce que cette approche « embrace both », venant des promoteurs du CMMI d’après ce que je comprends, n’est pas tout simplement une façon d’émettre un signal « CMMI ça marche partout, même avec les méthodes agiles » ?
La présence de David Anderson (promoteur Agile et Lean) me semble garantir une certaine neutralité. Il est quand même intéressant de voir une article parlant de l’Agilité publié sur le site officiel du CMMi (SEI), car jusqu’ici les CMMistes étaient plutôt fermés à l’Agile.
J’ai eu la chance (pour le côté expérience) de travailler dans des sociétés utilisant le cadre CMM (Software) et d’autres un cadre Agile. J’ai aussi réalisé pour le Gartner Group en 1998, la première synthèse de CMM en français à partir des travaux du Québécois Richard Basque. Puis un comparatif entre CMM et RAD. Plus récemment, l’année passée, des organisations professionnelles de l’Ouest français m’ont commandé une étude-conférence sur le sujet Agile / CMMi.
Ma conclusion : Même si -certaines- pratiques sont communes, l’approche Agile représente à l’évidence la philosophie contraire de celle qui sous tend la normalisation et CMM (même CMMi light livre que je conseille à tous ceux qui souhaitent parler du sujet en sachant rapidement de quoi il en retourne). D’ailleurs ma blague de conférencier sur le sujet :
CMM : Nous déclarons que la qualité d’un produit logiciel est intimement liée à la qualité de son processus de fabrication. C’est pourquoi nous mesurons la conformité de ce processus (Watts Humphrey).
Agile : Nous déclarons que la qualité d’un produit logiciel est intimement liée à la qualité de ce produit logiciel. C’est pourquoi nous mesurons la qualité de ce produit logiciel (Jean-Pierre Vickoff).
http://www.granit.org/data/upload/files/cri_granit_p1_0945h_jpvickoff_1J1isM.pdf