Je suis un Coach’Agile

Le terme « Coach Agile » est couramment utilisé dans le domaine de l’agilité pour décrire quelqu’un qui intervient auprès d’une équipe ou d’une organisation pour mettre en place une méthode agile. Qu’il s’agisse de la méthode Scrum, de XP ou du Kanban, l’intervention consiste à expliquer les pratiques à mettre en œuvre puis à accompagner leur mise en place. L’activité de l’intervenant est donc principalement de la préconisation et de l’identification des écarts de mise en pratique, soit une activité de consultant, bien loin des activités d’un coach.

Je pense pour ma part agir également sur d’autres leviers que les pratiques seules lors de mes interventions :

  • Amener les décideurs à réfléchir aux raisons qui les ont conduit à essayer l’agilité
  • Amener l’équipe à réfléchir sur ce qu’elle veut essayer pour mieux fonctionner
  • Amener chaque individu à réfléchir à sa place au sein de l’équipe et sa façon de se comporter
  • Faire prendre conscience à chacun de ses résistances et de la valeur qu’il peut apporter à l’équipe
  • Expliquer les bénéfices attendus et l’état d’esprit Agile plutôt que les pratiques elles mêmes

J’ai eu plusieurs fois l’occasion de discuter avec des personnes qui étaient gênées (voir plus) avec le fait que j’utilisais le terme « Coach Agile » pour me décrire puisque je ne suis pas Coach. J’ai eu également l’occasion de rencontrer des Coachs certifiés qui n’étaient vraiment pas Coach, et d’autres qui ont suscités mon intérêt pour le Coaching.

Quoiqu’il en soit, il est vrai que je ne suis pas Coach, puisqu’au delà de la certification que je n’ai pas, il m’arrive de préconiser des façons de faire à mes clients et même de faire moi même le travail, puisque je prends parfois le clavier pour rédiger quelques User Story directement dans le Backlog. Plusieurs de mes clients apprécient fortement cela puisque plusieurs d’entre eux m’ont d’ailleurs dit : « Ce que l’on aime chez toi c’est que tu n’es pas Coach ».

Mais je ne suis pas non plus un simple consultant car j’agis sur d’autres leviers que les pratiques.

Alors à partir d’aujourd’hui j’ai décidé d’utiliser le terme « Coach’Agile » (surtout ne pas faire de pause, c’est 1 seul mot, et il est même recommandé d’accélérer la liaison), comme il n’existe pas, j’espère ne plus vexer personne 🙂

 

11 réflexions sur « Je suis un Coach’Agile »

  1. Merci Alex pour dire tout haut ce que je pense pas trop bas 😉
    C’est naturel de vouloir étiqueter pour classifier et mieux comprendre, mais une étiquette est forcément réductrice, et laquelle choisir quand on en a plusieurs ???
    Dans nos métiers, on a plusieurs casquettes, et on en change plusieurs fois par jour… Tour à tour, formateur, expert, consultant, coach, facilitateur, équipier même parfois… Il y a quelques jours, j’ai entendu quelqu’un utiliser le terme de « Couteau suisse ». Je crois que c’est ce qui s’approche le plus de ce que je fais : un couteau suisse agile, un outil polyvalent et affûté, qui s’adapte aux besoins de l’équipe et de l’organisation.

  2. Hello Alex,

    La description que tu fais du rôle de coach Agile dans ton 1er paragraphe me semble réductrice. Je suis davantage en phase avec la suite de ton post; et je trouve même pour ma part que l’aspect « Coaching » prend de plus en plus au sein de nos activités.
    Sinon voici la petite description que j’en faisais il y a 3 ans et qui me semble finalement toujours d’actualité…

    http://www.qualitystreet.fr/2010/04/09/coach-agile-bien-plus-quun-coach/

    A trés bientôt,
    JC
    http://www.qualitystreet.fr

  3. Bonjour Alex,

    J’ai la même interrogation sur la bonne dénomination. Je la cherche aussi.
    Je forme maintenant des coaches agiles. J’ai donc beaucoup réfléchi sur ce job et son contenu.
    Un des messages fort est effectivement de ne pas dissocier « coach » et « agile ».
    Mais est-ce suffisant ?

  4. Bonjour Alex,

    Pour ma part, je change de temps à autres, parfois, c’est « facilitateur agile », d’autres c’est « scrummaster du changement ».

    Pas simple de trouver une appellation qui a du sens pour tout le monde et qui reflète bien nos activités.

  5. Bonjour Alex

    Effectivement tout cela s’éclaircit si on distingue le métier, les missions et la posture qu’un(e) intervenant(e) est amené à tenir lors de ses activités. Tous les métiers nécessitent plus ou moins de jongler entre différentes postures relationnelles (guide, accompagnant, aidant etc…). Une posture n’est pas une position stable, localisable et définissable de manière absolu, mais un équilibre instable qu’un acteur occupe à un instant t dans une situation professionnelle. Une compétence clé des métiers de la relation (et ce que vous appelez coach agile est un métier hautement relationnel !) est tout d’abord de pouvoir les identifier et ensuite de savoir jongler entre ses différentes postures. Les personnes qui sont censées amenés l’agilité dans les organisations ou les équipes informatiques clientes souffrent fondamentalement d’un manque de connaissance dans une ensemble de disciplines connexes pourtant les plus à même de leur fournir un étayage conceptuel et théorique sur lequel s’appuyer. Mais bien que ce dernier point semble essentiel, d’autres freins existent certainement plus profonds et qu’une simple formation (à Scrum, à l’agilité, au coaching) ne suffira pas fondamentalement à lever même si elle s’avère importante et urgente tant les méthodes « à l’ancienne » sont fondamentalement désastreuses pour la performance humaine et organisationnelle. Avec l’agilité, avec le « coaching agile », on entre sans doute de plein pied dans des processus nécessitant de la part des intervenants des compétences et une culture bien différente de celle des experts et de l’ingénierie. Avoir évolué longuement dans le milieu de l’informatique aide sans doute à mieux effectuer cette transition mais gardons-nous ici de penser qu’une expérience de ce type constitue en elle-même une garantie ou un facteur facilitant l’adoption de comportement « agile ». L’homme fait des activités autant qu’elles ne le font. Les activités d’ingénierie informatique nécessitent un ensemble de compétences bien spécifiques qui s’appuie fondamentalement sur la logique déductive-identitaire, sur une certaine idée de la vérité et de la preuve, bref sur une certaine façon de se rendre le monde intelligible. Ces paradigmes, ces façons inconscientes et infra-verbales de voir le monde acquis par un parcours de vie (éducation, formation, expérience professionnelle) conditionnent la transition vers l’agilité. Ici, ce n’est point l’informatique, l’ingénierie, le développement de logiciels bref l’activité elle-même qui nous pousse à être peu agiles spontanément mais l’être humain qui s’en saisit. En maîtrisant certains outils, en adoptant certains schèmes, l’homme se donne des moyens d’action efficaces pour traiter un ensemble de problèmes. La tendance, dangereuse et pourtant si fréquente, si commune, est de soumettre le problème à l’outil au lieu de soumettre l’outil au problème. Maslow écrivait que « quand on se sait se servir que d’un marteau, on a tendance à voir tous les problèmes comme des clous ». Si bien qu’au delà des connaissances indispensables, il existe aussi des freins historiques et culturels à l’agilité chez les personnes et les organisations. Suivre une formation à l’école « des beaux-arts » ne fera pas de vous un artiste. Nous façonnons notre vie et la vie elle-même nous façonne. C’est pourquoi il est difficile d' »être Coach » ou de tenir une posture de coach dans le métier de Coach agile. Nos sociétés sont bâtis autour de l’expertise, découpant grossièrement le monde en ceux qui savent et ceux qui ignorent. « Vous avez un problème ? Ne vous inquiétez pas. J’ai la solution, j’ai tout le matériel dans la R16 comme disait Coluche. » L’école développe un savoir mais aussi un rapport au savoir, une manière de s’en servir.

    Mais je m’arrête là car il y a tant à dire et à écrire…

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