Engagement … comment faire ?

Jeu des CubesA l’origine la méthode Scrum stipulait que l’équipe devait s’engager lors du Sprint Planning Meeting sur la quantité de Story qu’elle se sentait capable de terminer durant l’itération. Cet engagement, qui n’était pas écrit avec le sang de l’équipe, était néanmoins important et l’équipe devait faire tout son possible pour tenir cet engagement … pris librement et sans contrainte, il n’est pas inutile de le rappeler.

Il semble dernièrement qu’il y ait une évolution sur cette notion d’engagement de sprint. En argumentant sur le fait que tout engagement introduit un biais qualitatif (une équipe qui prend un engagement ferme sur une durée + un contenu n’a plus que le paramètre qualité comme variable d’ajustement – en agile comme ailleurs, il n’y a que 4 paramètres d’ajustement en terme de gestion de projet), il y a discussion sur le fait qu’il faille maintenir, ou pas, l’engagement de début de sprint.

J’avoue ne pas avoir de problème avec cet engagement et je pense qu’il est concevable que l’équipe donne un coup de collier ponctuel pour tenir son engagement (pris sans contrainte je vous le rappelle). Cet effort me semble compatible avec la notion de « rythme soutenable » du manifeste sous réserve que l’équipe ne doivent pas faire cet effort de façon permanente. Nous avons tous donné un coup de collier à un moment ou un autre de notre vie pour tenir un engagement que nous avions pris librement et sans pour autant trouver cela anormal.

Donc partons sur le principe que les équipes Scrum s’engagent en début de sprint, alors la question qui se pose est : Comment prendre un engagement ?

Plutôt que d’aborder cette question sous l’angle technique et décrire plusieurs modes opératoires pour faire un Sprint Planning Meeting, ce qui pourrait donner l’occasion de faire un autre article, j’aimerais vous inciter à réfléchir sur la façon dont nous réagissons personnellement et collectivement vis-à-vis de l’engagement.

Pour que les membres d’une équipe comprennent mieux ce qui se passe en terme d’engagement, j’utilise depuis quelques temps un jeu issu de l’analyse transactionnel. Il s’agit du « Jeu des Cubes » que Thierry Montule (@siamha) nous a fait découvrir lors du dernier Agile Games France à Lyon (je n’avais pas pu participer aux 2 sessions qu’il avait facilité, mais je n’en avais entendu dire que du bien).

Le jeu en lui même est très simple puisqu’il s’agit simplement de dire combien de cubes de 1 cm de coté chacun pourra empiler individuellement en 1 minute. L’objectif du jeu est de faire découvrir à l’équipe comment chaque équipier se comporte vis-à-vis de l’engagement.

Certains pensent qu’ils pourront empiler 20 cubes et s’engagent sur 20, d’autres avec la même idée vont s’engager sur 15 (on ne sait jamais) ou 23 (pour avoir du challenge). Ceux qui disent 15 peuvent le faire car la notion d’engagement est si forte pour eux qu’il leur faut absolument réussir et donc ils préfèrent un chiffre plus rassurant, et généralement ils s’arrêteront d’empiler lorsqu’il arriveront à 15. Pour certains autres l’engagement de 15 résulte d’une volonté de ne pas prendre de risque car ils ont vécu des mauvaises expériences (par exemple des sanctions suite à des engagements non tenu) et ils tenteront de faire plus si possible. Et il en est de même pour l’analyse des motivations de ceux qui disent 23, donc le jeu montre qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’interpréter un engagement individuel.

Après 1 minute de pratique, il est très intéressant de voir comment chaque personne évolue, ou pas, en terme d’engagement, et comment chacun à vécu la réussite, ou l’échec, de son engagement. Ensuite il est temps de passer à l’engagement d’équipe … et de réaliser qu’il est différent de l’engagement individuel.

J’ai également fait jouer une variante du jeu en équipe avec une possibilité d’échec de l’un des équipiers sans influence sur le résultat de l’équipe. Et encore une fois, il était intéressant de constater que le comportement des individus évoluait.

L’objectif de cet atelier n’est pas de définir ce que serait « le bon engagement », mais simplement de faire découvrir à chaque équipier comment chacun des autres équipiers se comporte lorsqu’il s’agit de s’engager, et de générer une réflexion collective sur ce sujet.

Une équipe qui connait sa façon de s’engager, individuellement et collectivement, sera mieux armée pour prendre un engagement partagé par tous lors du Sprint Planning Meeting.

6 réflexions sur « Engagement … comment faire ? »

  1. « Et encore une fois, il était intéressant de constater que le comportement des individus évoluait »
    … de quelle façon !!! Ce serait intéressant si tu avais la possibilité de décrire un peu ce qui s’est passé ! (quel suspens :-))

  2. Il y a toujours un changement, et ce n’est pas toujours le même en fonction des groupes … je ne veux donc pas généraliser en donnant un exemple qui sera pris comme « vérité » … donc tu resteras sur ta faim 🙂

  3. « J’avoue ne pas avoir de problème avec cet engagement et je pense qu’il est concevable que l’équipe donne un coup de collier ponctuel pour tenir son engagement (pris sans contrainte je vous le rappelle). »

    La notion importante est ce que tu as écrit entre parenthèses. En effet la psychologie sociale (cf. « Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens ») nous apprend que plus un engagement est pris en toute liberté (ou avec une impression de liberté) plus il engage la personne. D’où le biais relevé par certain.

    De là à dire que les méthodes agiles reposent sur des techniques de manipulation sophistiquée comme le note l’un des personnages de la série l’hilarante série Silicon Valley (épisode 5)…

  4. Le jeu des cubes est selon moi avant tout un outil de coaching plus qu’un serious game. En tout cas, c’est comme cela qu’il m’a été « enseigné ».

    Il est utilisé par le coach pour aider le client à identifier les patterns qu’il applique inconsciemment lors du démarrage / milieu / fin d’un problème.

    Charge ensuite au client de bâtir son plan d’action selon qu’il souhaite conserver ou modifier ses patterns.

    Alex : Beaucoup de « games » sont en fait des outils de coaching, je ne vois pas de valeur à faire la distinction

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